Stéphane Shaw

J'ai toujours raison.

January 31, 2022 Stéphane Shaw
Stéphane Shaw
J'ai toujours raison.
Show Notes

J’ai toujours raison ! Enfin maintenant, je sais que je n’ai pas toujours raison.  Alors, ça a l’air un peu bateau comme thème. Dans le cadre des addictions, être un personnage qui a toujours raison, ce n’est clairement pas bon, ni dans la vie en général. , ce n’est clairement pas bon.  Pourquoi ?Parce que je n’apprends rien, forcément, puisque je sais tout. Et donc si je sais tout comment ce que je pourrais apprendre quoi que ce soit. Il y a des gens comme ça et j’en fais partie qui ont traversé la vie avec une certitude qu’ils savent tout. Moi, j’étais quelqu’un d’extrêmement sûr de lui à l’extérieur. J’étais quelqu’un qui montrait une détermination genre “Mais non, je t’assure ! Vérifie ! Tu vas voir, c’est comme ça, ou il ne faut pas faire comme ça, il faut faire comme ci. Et puis finalement, ça cache à l’intérieur une grande fragilité. Ca cache plein de choses, mais ce n’est pas de ça que je veux parler
Ce que je veux partager avec vous aujourd’hui, c’est que bien sûr, si j’avais ouvert mon esprit plutôt et bien, j’aurai bu beaucoup moins, je n’aurai pas pris de drogue, je n’aurais pas fumé pendant 45 ans, je n’aurais pas des addictions qui ont failli me détruire. Mais surtout détruire la vie des gens autour de moi.  Vous allez me dire : « je n’ai rien à vous apprendre. » Vous avez raison.
Donc je ne vais rien tenter pour vous apprendre...je vais simplement partager mon expérience et vous dire que depuis que je ne sais pas tout, bah, j’apprends plein de choses, voilà ! Donc vous souvenez de l’histoire en 86, je découvre le concept de l’apéro. Donc je commence à boire un apéro régulièrement en nonante-et-un. Ça devient un apéro quotidien et puis, jusqu'en 2007 où là, j’ai quand même une espèce de prise de conscience et mini prise de conscience où je commence à fréquenter une psychiatre alcoologue. Et ça ne suffit pas encore. Je sais mieux…Je sais mieux qu’elle donc je bois encore et encore jusqu’à finir en 2015 à l’article de la mort. Je n’ai pas fait de tentative de suicide, mais croyez-moi combien de fois, j’ai pas pensé en regardant à un pont d’autoroute. Vous savez avec les piliers au milieu en disant : « tien ! Si je me jette là-dessus, à 100 à l’heure, je vais sûrement mourir. Si je me jette là-dessus à 200 à l’heure, c’est certain je vais mourir. » Combien de fois, je n’ai pas regardé par-dessus la balustrade sur le toit de mon penthouse. “Si je me jette, je ne blesse personne et moi, je me tue. » Entre 1986 où j’ai commencé à découvrir le concept de l’apéritif et 2015, c’est-à-dire quasiment 30 années plus tard pardon, ces certitudes m’ont empêché d’apprendre quoi que ce soit. 
Alors je ne sais pas pour quelle raison, j’ai dû attendre 2015 pour devenir un peu moins idiot, moins borné, moins stupide, mais mon message à vous qui êtes dans la certitude que vous n’avez aucun problème avec votre consommation d’alcool, de drogues, de jeux vidéo, de pétards. Prenez exemple sur moi. Dites-vous que moi je ne me suis pas posé la question. 
Et donc, pendant une trentaine d’années, j’ai fait que des bêtises.
J’étais convaincu que j’allais avoir une meilleure femme, donc je quitte ma femme. J’étais convaincu que si le monde me reconnaissait comme étant un génie, bah, je serais heureux. J’étais convaincu que si je gagnais dix fois ce que je gagnais alors en argent, j’allais être enfin heureux. J’ai toujours été convaincu que quelque chose se passerait dans le futur qui m’amènerait ce bonheur que je recherchais. Alors que le bonheur était déjà là, mais j’étais incapable de le voir. 
Vous avez devant vous quelqu’un et croyez-moi mes proches, mes très très proches mais aussi mes collègues ou les gens que j’ai croisés pendant ma carrière professionnelle, eux peuvent en témoigner, vous avez devant vous quelqu’un qui a toujours raison et je n’ai plus raison depuis 2015.