Stéphane Shaw

Je ne suis pas une merde !

January 24, 2022 Stéphane Shaw
Stéphane Shaw
Je ne suis pas une merde !
Show Notes

Que 2022 soit meilleure. Ce n'est pas 2022 qui doit être meilleure. C'est moi.
Je suis tombé sur ce panneau sur les réseaux sociaux, qui disait que moi, je devais m'améliorer.
Alors j'ai deux choses que j'ai envie de vous dire à ce sujet-là. En tant qu'addict, quand on fait un inventaire moral de soi-même, on se rend compte évidemment qu'on n'a pas toujours eu les bonnes réactions, qu'on n'a pas toujours été sympathique, qu'on n'a pas toujours été à l'écoute des autres, ça, c'est certain.
Mais ce que je n'aime pas dans “ce n'est pas 2022 qui doit être meilleure, c'est moi”, c'est qu'il y a un certain moment où en tant qu'addict, je dois reconnaître que j'ai aussi des qualités, je n'ai pas que des défauts.
Je ne dois pas passer le restant de mes jours à m'excuser, à faire un inventaire moral quotidien pour dire: "Oui, c'est vrai, je suis trop nerveux, je suis trop ci, je suis trop ça, je suis ..."
À force de dire: "Je suis trop ..., je suis trop ...", est-ce que je ne m'enferme pas dans le personnage de la victime, de celui qui ne va jamais bien, de celui qui est incapable d'apporter quoi que ce soit autour de lui, dans la société? Moi, j'ai l'impression que oui.
Donc il y a deux choses que je voulais partager avec vous à ce sujet.
La première chose, c'est qu'il est important quand on est addict, alcoolique ou à d'autres addictions, que ce soit la drogue, les jeux, oui, la nourriture, j'en parle régulièrement, il y a un moment où nos manières de réagir avec ces addictions sont négatives, sont extrêmement négatives.
Elles feront du mal autour de nous. Il faut donc effectivement poser sur papier, dans tous les cas moi, je l'ai fait et ça m'a fait beaucoup de bien, poser sur papier quels sont mes défauts, quels sont les traits de caractère qui m'embarquent à être agressif, à être mécontent, à être insatisfait, à me disputer, etc. Il faut faire cette chose-là. Moi, je l'ai faite. Alors ça ne veut pas dire que je suis devenu un saint. Dieu soit loué parce que finalement, je ne sais pas si c'est vraiment génial d'être un saint. Mais bon, peu importe, je ne suis pas devenu un saint. J'ai toujours ces défauts, les mêmes défauts que quand je buvais ou quand je me droguais. Ils sont toujours présents.
Par contre, j'en ai pris conscience. Et c'est important de prendre conscience de ses défauts.  Parce qu'il y a un moment où il faut bien se rendre compte que c'est nous qui foutons tout en l'air. Bien sûr, en tant que consommateur quotidien d'alcool, j'ai dit que c'était la faute des autres. 
J'ai besoin d'un verre pour me relaxer parce que les autres m'énervent. 
J'ai besoin d'un verre pour me relaxer parce qu'il n'y a jamais rien qui va comme je le veux.
J'ai besoin d'un verre pour me relaxer parce que je n'ai toujours pas gagné au loto.
J'ai besoin d'un verre pour me relaxer parce que ... parce que ... parce que …
Je trouve toujours des raisons pour blâmer les autres.
Mais la réalité, c'est qu'il faut avoir fait le pas pour arrêter cette consommation. Il faut faire le pas pour, à un moment, se rendre compte que ce n'est pas les autres qui sont à incriminer. Moi, je dois m'incriminer moi-même. Tout ce qui se passe dans ma vie, c'est de ma faute. Ce n'est pas la faute des autres. Tout ce qui se passe à cause de ma consommation, c'est de ma faute. Ce n'est pas la faute de l'alcool. 
Mais là, j'embraye directement sur la réalité de la vie quotidienne. C'est que depuis que moi, j'ai arrêté de boire, que depuis que j'ai fait un inventaire, depuis que je suis en thérapie permanente, à travers cette vidéo quelque part, mais aussi avec une psychologue, et bien je me rends compte aussi que je dois arrêter d'être une victime de tout. Parce que sinon je vais de nouveau blâmer les autres ou la société pour mes insatisfactions.