Stéphane Shaw

Ma dépression

January 10, 2022 Stéphane Shaw
Stéphane Shaw
Ma dépression
Show Notes

Eh bien, j'avais envie aujourd'hui de sortir la caméra, la lumière et le micro pour vous parler alcool et dépression.  Avant de commencer, je voulais vous saluer. Vous allez bien ? J'espère que ça va bien. Moi, en tous les cas, j'ai traversé des semaines un peu compliquées. 
C'est clair que c'est une période de l'année où les journées sont très très courtes, on n'a pas beaucoup de lumière donc, il faut peut-être faire de la luminothérapie, on a tendance à être un petit peu dépressif.
Alors, dans mon cas, ce n'est pas un petit peu dépressif, c'est extrêmement dépressif. 
Je le partage avec vous, j'en parle quand je rencontre des gens. Pourquoi ? 
Parce que c'est une manière pour moi de déculpabiliser, c'est-à-dire que je peux aussi ne pas toujours être en pleine forme alors, c'est vrai que la plupart du temps, ma vie est juste merveilleuse, que je suis très content d'être là.
C'est vrai que je n'ai pas d'idées noires comme j'avais quand je buvais comme un trou et que j'avais qu'une envie, c'est de sauter du toit et de me suicider.
Je n'ai plus ce genre d'envie là, mais enfin voilà, je suis comme tout le monde.
Je ne suis pas à l'abri d'avoir une période un peu dépressive.
J'avais envie de mélanger ce thème-là avec l'alcool.
Parce que l'alcool quand vous continuez à arroser un état dépressif d'alcool, c'est un cercle vicieux, on est de plus en plus dépressif.
Je me souviens très bien que cette terrible lutte de tous les jours contre la vie, que je n'ai plus à mener cette lutte contre la vie, contre tout le monde, contre la société, contre les personnes que je croise dans ma journée, c'est vraiment un enfer, quoi.
Donc, il faut en parler, il faut en parler, il faut deux choses:
parler avec son généraliste par exemple, on a tous un généraliste, le premier réflexe que moi j'ai eu, c'est d'en parler avec mon médecin et puis finalement, j'ai pris la décision d'aller voir une psychologue, que je vois chaque semaine.
Vous allez me dire ouh là, il n'est pas bien !
Eh bien, non, je ne suis pas bien, je ne suis souvent pas bien, mais c'est pas grave parce que le fait de faire quelque chose m'aide et je vais également voir une psychiatre de manière à être traité par médicament pour ces effets de dépression chronique. 
Alors, pourquoi est-ce que je suis devenu dépressif ? Bah, parce que j'ai des blessures qui sont là depuis que je suis tout petit. On l'a vu dans dans ce que je vous ai raconté en cinq épisodes de cette vie d’addicte, mais aussi je pense que je ne suis pas le seul, vous savez, on a tous vécu des choses plus ou moins graves ou plus ou moins traumatisantes et ça fait de nous des gens qui sont blessés.
Moi, j'ai toujours cru, jusqu'à aujourd'hui, mais je ne pense plus comme ça maintenant,que j'allais être guéri complètement de cette blessure. Eh bien, non, j'ai toujours cette cicatrice. Parfois la cicatrice parce que je la touche, vous savez comme quand on a des genoux écorchés quand on est enfant, quand on retouche une cicatrice, pouf, elle s'ouvre un petit peu, puis elle se referme, puis elle s'ouvre et puis elle se referme…
Donc, est-ce que la période de fin d'année avec des journées plus courtes est propice à une dépression générale qu'on soit tous un petit peu dans le blues ? Oui, probablement. Est-ce que le fait qu'on ferme les discothèques, que les restaurants soient très réglementés, qu'on ne puisse plus aller au concert ou au théâtre nous rajoute une couche de dépression ?
Oui, c'est certain parce que nous sommes des animaux sociaux, les sapiens sont faits pour voir d'autres sapiens et certainement pas pour être confinés.